le sentiment d'insécurité
INTRODUCTION
« la vie est une aventure risquée ou elle n'est rien».
Helen Keller
Le sentiment d'insécurité
Insécurité… le terme est à la mode.
Au-delà de l'aspect politique, une réalité s'impose: en 2001, en
France, le nombre total des crimes et délits a franchi la barre des 4
millions.
Parmi ces actes de délinquance, les statistiques
1 révèlent que lesvols avec violence, les viols, les coups et blessures volontaires, et la
délinquance dite "de voie publique" sont parmi ceux qui augmentent
le plus ( + 9.3% à + 23.4% entre 1999 et 2001).
Plus de 260 000 plaintes relevaient en 2001, d'agressions
physiques… et une étude conduite en 1999 par L'Institut des Hautes
Etudes de Sécurité Intérieure (IHESI) révélait que seulement une
victime de violences physiques sur douze porte plainte…
Ce qui porterait à plus de 3 millions par an le nombre d'agressions
potentielles dont nous pouvons tous être victimes !
En d'autres termes,
dans les dix années à venir, nous avons tousthéoriquement un risque sur deux d'être agressé au moins une
fois
… et ce même si cela a déjà été le cas. Avoir été agressé neprotège pas !
L'agression fait donc à présent partie de notre vie quotidienne,
mais rien ne nous prépare à y faire face !
A titre de comparaison, sur le continent nord-américain, les
programmes d'éducation dans les écoles contiennent déjà des
formations théoriques et pratiques de défense personnelle et de travail
sur la situation d'agression ; ceci afin de sensibiliser les enfants aux
violences qui les guettent, de leur permettre de détecter et de
désamorcer les situations à risque, et de ne pas être un jour une
victime traumatisée à vie.
Chez nous, alors que se promener dans Paris peut parfois être plus
dangereux que de traverser à pied New York, Chicago et Los Angeles
réunis, cette prévention n'est pas encore à l'ordre du jour. Peut-être
faudra-t-il attendre 20 ou 30 ans…
Un autre fait, révélé par les statistiques, est que le risque n'est plus
l'apanage des grandes villes, mais s'étend deux fois plus vite dans les
zones de gendarmerie (périphéries de villes, campagnes) que dans les
zones de police (zones urbaines ou périurbaines).
Qui n'a pas été le témoin, direct ou indirect, de cette violence et de
son expansion, tant numéraire que géographique ?
Mais alors, que faire? Nos dirigeants s'interrogent.
L'action de la Police, de la Gendarmerie et des sociétés privées
sont utiles et souvent admirables, mais elles ne suffiront jamais à
vousprotéger toujours et partout.
Comme certains se plaisent à le rappeler "on ne peut pas mettre un
policier derrière chaque citoyen". Et rares sont ceux qui peuvent se
payer les services d'un garde du corps personnel.
C'est pourquoi, il est important que vous preniez en mains
votre propre sécurité et celle de vos proches, car vous en êtes
capable !
Le but de ce manuel est précisément de vous doter des moyens de
vous protéger. Il n'est pas limité à des techniques de self-défense mais
aborde le problème d'une manière globale et complète, et vous
apprendra d'abord et avant tout
comment ne pas être agressé !L'agression physique et ses effets psychologiques
Pourquoi s'intéresser plus particulièrement à l'agression physique?
Parce qu'elle est sans doute celle dont les séquelles sont les plus
redoutables. Ce n'est pas un hasard si ces actes de délinquance sont
ceux qui nourrissent le plus le sentiment d'insécurité.
Le traumatisme lié à un vol matériel ou à une escroquerie par
exemple, est certes pénible, mais surmontable dans la plupart des cas
sans le concours d'un psychologue.
En revanche, l'agression physique est beaucoup plus lourde de
conséquences. Conséquences physiques, avec leur cortège d'examens,
de soins médicaux, de souffrance, et de rééducation… Mais aussi et
surtout, séquelles psychologiques.
Si l'organisme peut se remettre facilement, en quelques jours, d'un
coup de poing ou d'une coupure d'arme blanche, le stress posttraumatique
engendré par l'agression elle-même ne se résorbe pas si
facilement : cauchemars, peur de sortir dans la rue, peur de rester chez
soi, peur de garer sa voiture à la nuit tombée, peur de porter plainte,
peur des représailles, peur de croiser ses agresseurs à nouveau dans la
rue, sentiment d'impuissance…
Ces perturbations détruisent la vie de milliers de gens autour de
nous, comme en témoignent les informations fournies par les médias
quotidiennement. Il faut peu de choses pour gâcher une vie !
L'agression physique nous révèle brutalement notre propre
vulnérabilité face à la mort.
Dans ce monde que nous pensons maîtriser, parce que construit
pour notre confort, un individu surgit, et en quelques secondes, nous
fait prendre conscience de notre fragilité. Notre mort est là, tout près,
suspendue à sa volonté… le couteau brille dans sa main et nous ne
pouvons que regarder, paralysé par la peur, ses yeux remplis d'une
froide détermination en espérant sa clémence, ou l'improbable
intervention de badauds indifférents.
Si nous survivons, combien de visions, de cauchemars, vont nous
hanter… Nous perdons toute confiance en nous, nous perdons notre
honneur, parfois notre intégrité physique, et avons failli perdre notre
vie.
Que dire des personnes qui ont été violées, souillées dans leur
intimité?
Cette blessure atteint au plus profond notre dignité humaine, au
point de conférer à la victime un sentiment de culpabilité,
apparemment paradoxal, mais bien réel et durable
Seule une psychothérapie peut quelquefois permettre d'atténuer
cette dévalorisation de soi à condition de pouvoir en parler, et d'en
parler le plus tôt possible.
Ce n'est pas un hasard si les victimes d'attentat sont aujourd'hui
systématiquement et rapidement prises en charge par des
psychologues spécialisés.
Seulement votre agression, elle, ne sera sans doute pas médiatisée
et les psychologues spécialisés ne seront pas au rendez-vous.
Dans le domaine de la sécurité, comme dans tant d'autres, il vaut
mieux prévenir que guérir !
Prévenir, c'est d'abord comprendre que l'agression fait partie des
risques de la vie quotidienne, au même titre que l'accident de la
circulation .
C'est éviter de s'exposer au risque.
C'est aussi apprendre comment marcher, se tenir, se comporter,
pour éviter d'être choisi comme victime
C'est encore appréhender les risques en les connaissant, et savoir
désamorcer un conflit naissant ou s'échapper à temps
C'est ensuite apprendre à neutraliser un agresseur, avec les moyens
dont on dispose.
C'est enfin s'entraîner pour éviter d'être paralysé par la peur lors
d'une agression, apprendre à utiliser à son avantage la formidable
poussée d'adrénaline qui va nous envahir. Rien ne sert en effet d'être
un maître d'arts martiaux si la peur nous empêche d'agir en situation
d'urgence, quand chaque seconde compte.
Tout au long des pages qui vont suivre, nous allons vous préparer à
ces différents aspects.
Comment éviter ou surmonter une agression ?
Vous devez tout d'abord connaître les mobiles des agresseurs, leurs
ruses et la manière dont ils opèrent :
La première partie de ce livre, élaborée à partir de statistiques et de
l'expérience « de terrain » d'amis policiers, recense la plupart des
agressions dont vous risquez d'être victime. Vous apprendrez ainsi à
mieux cerner les menaces qui vous entourent.
En fonction de votre environnement et de vous-mêmes, vous
apprendrez à classifier les risques qui vous guettent, et a bâtir votre
plan de protection personnel.
La partie suivante vous donnera des conseils de prévention
associés à ces risques, et vous expliquera comment les éviter, en
travaillant votre attitude physique et mentale.
Nous vous enseignerons ensuite des techniques de défense
physique, afin de vous rendre capable de neutraliser un ou plusieurs
agresseurs.
Ces techniques, applicables à mains nues ou avec des armes
improvisées, ont été sélectionnées par nous, parmi les plus efficaces,
mais aussi les plus simples à maîtriser. Elles ne s'adressent donc pas à
des sportifs de haut niveau, ou à des maîtres d'arts martiaux, mais à
vous, quels que soient votre sexe, votre âge, et votre condition
physique.
Elles n'en sont pas moins une synthèse des meilleures techniques
de combat actuelles, mises à votre disposition. Elles ont toutes été
testées avec succès en conditions réelles, et nous les enseignons dans
les stages et formations que nous organisons.
Enfin, comme nous l'avons dit plus haut, tout cela ne vaut que si le
stress de l'agression ne vous empêche pas de réagir efficacement le
moment venu. C'est pourquoi, vous apprendrez comment gérer ce
stress, et en faire un allié efficace contre l'agresseur.
Prêts ? Alors allons-y !